Scandales sexuels, positions conservatrices sur les évolutions sociétales... Les églises se vident en Allemagne
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L'hémorragie de fidèles se poursuit en Allemagne. L'Eglise catholique et l'Eglise protestante totalisent désormais 38 millions de fidèles : c'est un million de moins qu’en 2024, et une baisse de 20 millions par rapport à 1990. Pour la première fois, le pays compte plus de personnes athées que de chrétiens : 47% de personnes athées pour 45% de catholiques et protestants. L’Eglise catholique reste celle qui attire le plus de fidèles, elle rassemble presque deux millions de membres de plus que l’Eglise protestante.
Le magazine Wirtschaftswoche explique la situation à sa manière en posant deux questions : "Est-ce que je resterais membre d’un club de natation dont les entraîneurs ont commis des violences sexuelles ?" "Est-ce que je resterais membre d’une salle de sport si je n’y allais que deux fois par an, à Pâques et à Noël ?" Voilà, de façon résumée, les deux raisons principales. Les abus sexuels dissimulés pendant des années et révélés récemment ont provoqué des départs en cascade. Les affaires ont touché tous les diocèses et les victimes se comptent par milliers. Des fidèles reprochent aux dirigeants d’avoir fermé les yeux, ou d’avoir étouffé certains scandales.
D'autres, des jeunes notamment, se détournent de l'Eglise parce qu’à leurs yeux, les institutions religieuses ne sont pas suffisamment en phase avec les évolutions de la société. Ils soulignent des positions jugées trop floues ou trop passéistes sur le célibat des prêtres, la place des femmes dans l’Eglise, l’avortement ou l’homosexualité.
Conséquences financières
Les fidèles doivent verser un impôt ecclésiastique obligatoire, qui représente 8 à 9% de l’impôt sur le revenu selon les régions, en moyenne 320 euros par an et par personne. Ce sont des recettes non négligeables pour les Eglises, qui ont engrangé 13,3 milliards d’euros en 2023.
Moins de fidèles, cela signifie moins d’argent pour l’entretien du patrimoine et pour les crèches, écoles et maisons de retraite gérées par l'Eglise, qui figure par ailleurs parmi les plus gros employeurs en Allemagne avec plus d’un million de salariés. Pour faire des économies, certaines églises ont fermé ou les paroisses ont fusionné. À Lübeck, dans le nord du pays, les catholiques ont déménagé à Noël dernier dans l’église protestante voisine. Ils ont emmené la cloche de la sacristie, les cierges... mais ils ont renoncé à faire brûler de l’encens, pour ne pas déranger les fidèles protestants.
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