Reportage "L'impression de vider la mer avec une petite cuillère" : à Roissy, le combat quotidien des agents des douanes contre le narcotrafic

Alors que les douanes révèlent un nouveau bilan record de saisies de stupéfiants, plongée au cœur de la lutte contre le trafic de drogue à l'aéroport Paris-Charles de Gaulle.
Article rédigé par Yannick Falt
Radio France
Publié
Temps de lecture : 3min
Des agents des douanes au Terminal 2F de l'aéroport Roissy-Charles de Gaulle. (YANNICK FALT / FRANCEINFO / RADIO FRANCE)
Des agents des douanes au Terminal 2F de l'aéroport Roissy-Charles de Gaulle. (YANNICK FALT / FRANCEINFO / RADIO FRANCE)

Les douanes françaises ont saisi près de 111 tonnes de produits stupéfiants en 2024, dont presque 21 tonnes de cocaïne, selon un bilan révélé samedi 22 mars. Cela représente une hausse de plus de 74 % par rapport à 2023. Les saisies records de cocaïne se multiplient, au point que le gouvernement parle de "tsunami blanc". Un trafic que l'on observe dans les ports mais aussi les aéroports.

Cibles principales : les vols en provenance du Brésil ou des Antilles

À l'aéroport de Roissy, Terminal 2F, 56 000 passagers transitent quotidiennement. Les douaniers contrôlent les voyageurs de manière aléatoire, avec dans leur viseur ce jour-là une passagère en transit depuis São Paulo, au Brésil. "L'escouade s'est intéressée à une personne qui partait sur le vol de Hambourg et qui, voyant l'arrivée des agents, a voulu les contourner. C'est ce qui les a conduits à approfondir le contrôle, à extraire son bagage de soute et la constatation a conduit à la découverte de quatre kilos de cocaïne dans le double fond de la valise, dans une plaque plastique", rapporte Philippe Rafi, chef divisionnaire sur les terminaux 2E et 2F.

Des valises inspectées par les agents des douanes de Roissy. (YANNICK FALT / FRANCEINFO / RADIO FRANCE)
Des valises inspectées par les agents des douanes de Roissy. (YANNICK FALT / FRANCEINFO / RADIO FRANCE)

La Brésilienne de 26 ans a été placée en retenue douanière avant d'être remise à l'Office antistupéfiants. La routine ou presque pour les agents : deux à trois saisies ont lieu chaque jour à Roissy et Orly.

"La cocaïne provient essentiellement actuellement de l'arc antillais."

Philippe Rafi

à franceinfo

"Parce que les Hollandais ont mis en place des politiques de contrôle très renforcés à l'arrivée dans leur pays, le trafic s'est dérouté dans un premier temps sur la Guyane française où, là aussi, l'Etat français a mis en place des contrôles très renforcés au départ de Cayenne. Les organisations criminelles se sont adaptées et le trafic maintenant s'est dérouté principalement à Fort-de-France", explique Gilbert Beltran, directeur interrégional des douanes sur les aéroports parisiens.

Stratégie de saturation

La Martinique est désormais la provenance numéro 1 de la cocaïne, devant le Brésil, avec des mules qui ingèrent la drogue mais aussi des modes de transport toujours plus ingénieux. "L'imagination est au pouvoir. On a eu la cocaïne pressée qui fait la coque de la valise, on a eu de la cocaïne noire, un peu comme du cacao ou du café, évidemment dans les fruits et légumes, vous enlevez complètement l'intérieur des fruits et vous les farcissez de cocaïne. Les collègues ont un peu l'impression de vider la mer avec une petite cuillère."

De la cocaïne saisie par les douanes de l'aéroport de Roissy. (YANNICK FALT / FRANCEINFO / RADIO FRANCE)
De la cocaïne saisie par les douanes de l'aéroport de Roissy. (YANNICK FALT / FRANCEINFO / RADIO FRANCE)

Les douanes estiment qu'entre 10 et 15 mules sont à bord de chaque vol en provenance du Brésil ou des Antilles : une stratégie de saturation des trafiquants, qui savent que les autorités françaises n'ont pas les moyens de toutes les arrêter.

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