Réchauffement climatique : le corail est-il en train de disparaître d'Australie ?

Alors qu'en France, l’association Bloom vient de lancer une pétition pour la défense des aires marines protégées, toujours peu épargnées par le chalutage, l'Australie peine à sauvegarder ses récifs de corail, qui continuent de blanchir.
Article rédigé par franceinfo - Grégory Plesse
Radio France
Publié
Temps de lecture : 4min
Récif de Ningaloo, au large de la côte ouest de l'Australie, le 12 mars 2025. (VIOLETA J BROSIG / MINDEROO FOUNDATION via AFP)
Récif de Ningaloo, au large de la côte ouest de l'Australie, le 12 mars 2025. (VIOLETA J BROSIG / MINDEROO FOUNDATION via AFP)

L'Australie abrite deux récifs coralliens classés au patrimoine de l’Unesco, et alors qu’ils se trouvent dans deux océans différents, ils ont pour la première fois été frappés récemment tous les deux simultanément.

En 2024, le gouvernement australien a décidé de placer en zone protégée plus de 50% de son territoire maritime. Mais ce dernier continue de subir le réchauffement climatique et les récifs coralliens bordant le littoral australien sont de plus en plus régulièrement frappés par des vagues de blanchissement massif. Jusqu’à présent, ces vagues de blanchissement s’abattaient soit sur l’océan indien, soit dans l’océan Pacifique, mais pour la première fois, l’est et l’ouest de l’Australie ont été frappés en même temps.

Des événements de plus en plus fréquents

C’est sur la côte Ouest, que le récif de Ningaloo semble avoir été le plus durement atteint. Il est moins connu que la Grande Barrière de corail mais c’est un site d’une beauté exceptionnelle et qui est également un véritable puits de diversité. Malheureusement, les relevés des scientifiques sur ce récif sont très alarmants, on y constate un niveau de blanchissement maximal, plus de 80% des coraux sont atteints.

Néanmoins, Andrew Baird, qui travaille au Centre d’excellence des études coralliennes de l’Université James Cook, veut rester optimiste sur le court terme et rappelle que du corail blanchi, ce n’est pas forcément du corail mort : "Il est encore tôt. L’année dernière, à la même période, la Grande Barrière de corail avait déjà été frappée par une vague de blanchissement. Mais les études de suivi ont certes confirmé que ce blanchissement était terrible. Mais le taux de mortalité de corail était loin d’être aussi élevé que ce à quoi les gens s’attendaient."

Le corail, qui blanchit lorsque la température de l’eau est trop élevée, peut en effet se reconstituer si l’eau refroidit. Le problème bien sûr, c’est que ces événements sont de plus en plus fréquents.

La totalité du récif concerné

Or ces vagues de blanchissement massif répétées frappent notamment la Grande Barrière de Corail. Le plus grand récif corallien du monde a été affecté par ce phénomène sept fois depuis 1998, dont cinq fois ces dix dernières années. Des assauts si souvent répétés que la totalité du récif, qui s’étend pourtant sur 2 300 km, est désormais concernée.

C’est d’ailleurs l’une des raisons pour lesquelles le comité du patrimoine de l’Unesco a envisagé il y a quelques années de placer la Grande Barrière de corail sur sa liste des sites en péril. Le comité est finalement revenu sur sa décision en 2024, car le gouvernement australien a donné des gages en matière de protection.

Mais pour Andrew Baird, il est malheureusement déjà trop tard. "Je crois que le monde va changer de façon irrévocable au cours des 100 prochaines années, déplore-t-il, et le futur pour la Grande Barrière de corail n’est pas réjouissant."

"S’il y avait le moindre signe de volonté politique pour régler ce problème, n’importe où sur Terre, je resterais confiant. Mais il n’y en a aucune, tout le monde s’en fout."

Andrew Baird, de l’Université James Cook

à franceinfo

Alors ce n’est clairement pas un message encourageant, malheureusement, c’est un message plutôt réaliste. On sait que si le seuil de réchauffement passe la barre des 1,5 degré, qui a déjà été franchi, 70% des récifs coralliens, qui abritent un quart de la biodiversité marine mondiale, vont disparaître. Et si on ne parvient pas à contenir ce réchauffement sous la barre des 2 degrés, c’est tout le corail, partout sur la planète, qui va mourir.

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