Hafsia Herzi en compétition pour Cannes, Amélie Bonin en ouverture et une enquête sur les accusations contre Gérard Miller
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La sélection pour la 78ème édition du festival de Cannes a été annoncée ce jeudi 10 avril dans la matinée et, pour l'instant, six femmes sur les dix-neuf films, sont en course pour la Palme d’Or.
Parmi elles, Hafsia Herzi, récemment récompensée du César de la meilleure actrice dans le film Borgo. Après être passée de l’autre côté de la caméra, elle défendra son long métrage La petite dernière, récit de l’émancipation et des questionnements d’une jeune fille de banlieue.
"C'est un film universel et un film de femme surtout. Je suis très contente de présenter ce film-là, j'y tiens beaucoup et j’ai un passé avec le festival. Donc voilà, je suis très heureuse."
l'actrice et réalisatrice Hafsia Herzià franceinfo
Également "très fière" de cette nomination, Hafsia Herzi la considère comme "une grande chance pour [elle] et pour le film". Après avoir participé à la Semaine de la critique en 2019 puis à Un certain regard en 2021, la réalisatrice voit dans cette sélection "un encouragement" et affirme, au micro de Tout Public, que sa nature "compétitrice" lui fait dire qu’elle "veut la palme". Dans la liste de ses concurrentes, on retrouve notamment la réalisatrice espagnole Carla Simón ou l’Américaine Kelly Reichardt.
Hors compétition, mais en ouverture, une autre française, Amélie Bonin qui présentera son film "Partir un jour", adapté de son court métrage éponyme, récompensé aux Césars.
“C'est quelque chose de réussir à faire émerger un film du début de l'écriture jusqu'à la fin d'un tout et qu’il puisse être projeté avec un tel écho. C'est une chance incroyable.”
la réalisatrice Amélie Boninà franceinfo
"En état de sidération, probablement dû au fait que [son] film va être visionné par Robert de Niro [ndlr : Palme d’honneur 2025]", la réalisatrice confie avoir suivi son "envie de pousser une histoire plus loin" et "un désir de continuer le travail ensemble". Avec Juliette Armanet en premier rôle et dans "tous les plans", le long métrage compte aussi Bastien Bouillon ou François Rollin et contient "une douzaine de morceaux interprétés en live". "Un On connaît la chanson, des temps modernes" selon Thierry Frémaux, sélectionneur des films en compétition du festival de Cannes.
Alice Augustin et Cécile Ollivier dévoilent leur enquête sur Gérard Miller
"Pourquoi ce livre ? On s'est demandé comment, avec autant de femmes le mettant en cause, autant de témoignages pendant 30 ans, il n'y a aucune alerte qui est remontée. Donc, on a essayé d'aller dans tous les cercles qu'il a fréquentés pour essayer de voir s'il y avait eu des alertes et des gens qui avaient vu quelque chose." Autrices d’Anatomie d’une prédation, les journalistes Alice Augustin et Cécile Ollivier ont, pendant une année, mené l’enquête sur les accusations de viols et d’agressions sexuelles, notamment sur mineurs, portées contre le psychanalyste Gérard Miller, à ce jour présumé innocent.
À l’Université Paris-8 où il dispensait des cours de psychanalyse, sur les plateaux de télévisions où il animait des chroniques, aux côtés de Laurent Ruquier et Michel Drucker, les journalistes sont parties sur les traces de cet homme de lettres, à la recherche de signaux précurseurs éventuellement ignorés. "Et des alertes il y en a eu. Il faut se rappeler que c'était quelqu'un de très puissant à l'époque, qui passait à la télé tous les soirs. On a oublié l'impact de la télévision, mais c'était quelqu'un de très célèbre et qui a utilisé cette célébrité aussi pour probablement influencer, manipuler ces jeunes filles", soutient Alice Augustin.
Au total, 80 témoignages de victimes et d’observateurs, une plainte déposée en 2003 et classée sans suite ou encore un signalement à l’Université en 2013, "pas prise en compte" par la direction.
"De tous ces témoignages, ce qui nous a frappé au cours de cette année d'enquête, c'est qu'ils racontent parfois mot pour mot le même scénario, avec des faits récurrents. L'âge des jeunes femmes, mais des similarités aussi dans sa façon de les approcher, notamment sur les plateaux de télévision où il allait dans le public à la rencontre des jeunes filles. Et puis ce mode opératoire de l'hypnose qui leur était proposé à chaque fois."
"On s'est demandé comment ça a pu passer inaperçu et, je pense qu'on les croit quand certains disent qu'ils n’avaient rien vu. On s'est demandé pourquoi on ne voit pas ce qui est sous nos yeux. Et c'est parfois parce qu'on est dans un milieu, la télévision, ou une époque pré #MeToo, où on ne savait pas voir les alertes."
Cécile Ollivierà franceinfo
En posant les bonnes questions et en y trouvant parfois des réponses, Alice Augustin et Cécile Ollivier reviennent dans leur ouvrage sur une présumée omerta de plusieurs décennies. Gérard Miller souhaite, lui, ne répondre qu’à la justice.
Anatomie d'une prédation (aux éditions Robert Laffont), disponible en librairie.
Une émission avec la participation de Matteu Maestracci et Thierry Fiorile, journalistes au service culture de franceinfo.
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