Édito
Mort du pape François : quelques voix discordantes en France dans la pluie d'hommages qui a salué la mémoire du défunt souverain pontife

Ces quelques voix appartiennent à l'extrême-droite. De Philippe de Villiers à Julien Odoul, en passant par Éric Zemmour, les langues se sont vite déliées.
Article rédigé par Renaud Dély
Radio France
Publié
Temps de lecture : 3min
La dernière visite du pape François en France remonte à décembre 2024. C'était en Corse, à Ajaccio. (LUDOVIC MARIN / AFP)
La dernière visite du pape François en France remonte à décembre 2024. C'était en Corse, à Ajaccio. (LUDOVIC MARIN / AFP)

Les responsables politiques de tous horizons ont rendu hommage au pape François. Mais au sein de ce concert de louanges, quelques fausses notes ont brisé l’unanimité. Le Rassemblement national a bien essayé de se retenir pendant quelques heures. Marine Le Pen s’était contentée lundi d’un très bref message pour "saluer une figure spirituelle qui s’éteint", Jordan Bardella d’une pensée "pour tous les catholiques dans ce moment de douleur".

On aurait pu mettre cette discrétion sur le compte de la pudeur. On sait depuis Sénèque que "les grandes douleurs sont muettes". Sauf que les digues n’ont pas tardé à lâcher, mardi, par la voix du porte-parole du parti, Julien Odoul. Pour le député RN de l’Yonne, "les torrents d’éloges funèbres des islamo-gauchistes de LFI en disent long sur le véritable bilan du pape François". Une sortie qui en dit long sur les véritables sentiments du RN à l’endroit du souverain pontife disparu.

François, "un pape woke"

L’extrême droite a toujours détesté le pape François. Dès son premier déplacement, à Lampedusa, en 2013, il a été la cible de sa vindicte. Son tort : se soucier du sort des migrants qui se noient en Méditerranée et exhorter l’Europe à les secourir au non d’un "devoir d’humanité, un devoir de civilisation". Douze ans durant, le pape François n’a jamais varié. Il s’est indigné de la "mondialisation de l’indifférence" et a appelé l’Occident riche à accueillir les déshérités du monde entier. Un message universaliste insupportable pour le RN qui a affublé le pape du qualificatif  d’"immigrationniste".

Marine le Pen lui avait reproché de faire preuve d’ingérence en incitant les États à "aller à l’encontre de l’intérêt des peuples". Éric Zemmour l’avait accusé "d’abandonner l’Europe à son destin islamique". Et à l’annonce de sa mort, le président de Reconquête a jugé que le pontificat de François "a été une épreuve pour certains catholiques". Son allié, Philippe de Villiers, est allé plus loin encore en fustigeant un "pape woke", qui "a persécuté les chrétiens de la tradition de l’Église de notre enfance".

Un successeur idéal pour le RN : le cardinal ghanéen Sarah

Tous ceux là veulent donc tourner la page François. Et l’extrême droite a son candidat : le cardinal ghanéen Sarah, un ultra-conservateur, viscéralement hostile à l’immigration, qui compara il y a quelques années, "les crimes de l’homosexualité et de l’avortement" au "nazisme". L’ancien député RN Gilbert Collard se pâmait mardi pour "sa foi lumineuse" en commentant son arrivée à Rome. Les médias du groupe Bolloré, dont le propriétaire est un fervent soutien, en font une promotion assidûe. Et sur les réseaux sociaux, l’extrême droite a lancé depuis lundi une vibrante campagne en sa faveur. Bon, pendant le conclave les cardinaux seront privés de leurs portables.

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