"Au-delà du Mur. Histoire de la RDA"
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Voilà un livre essentiel pour bien comprendre ce qu’il se passe en ce moment en Allemagne. On se souvient des dernières élections, il y a un mois, avec ce résultat spectaculaire : un pays divisé en deux, comme à l’époque de la RFA et de la RDA, avec à l’Est, l’extrême droite en tête pratiquement partout, et à l’Ouest, l’extrême droite en tête nulle part.
Et c’est justement cela qui intéresse l'historienne allemande Katya Hoyer : le fait que 35 ans après la réunification, l’est du pays continue à voter, à penser, à se comporter différemment alors qu’il était censé s’intégrer dans le modèle triomphateur de l’Ouest et oublier son passé.
Un vécu écarté de la mémoire collective
Pour comprendre ce clivage, il faut selon elle raconter l'histoire de ce pays disparu. Un pays d’où elle est elle-même originaire et dont elle n’est pas nostalgique : elle ne cache rien des privations de liberté, du manque d’approvisionnement ou des méthodes terrifiantes de la Stasi, la police secrète.
Mais ce qu’elle veut raconter, c’est ce qu’on n’entend jamais : l’histoire des habitants de la RDA, leurs sentiments, leurs accomplissements. Ils ont étudié, travaillé, voyagé, aimé, fondé des familles, ils ont un vécu qui a été écarté de la mémoire collective.
Football, rock et jeans soviétiques
Au fil des témoignages, on voit se dessiner une RDA étonnante, colorée, celle des années 1970 avec, par exemple, le Festival mondial de la Jeunesse à Berlin-Est : des centaines de milliers de participants venus de 140 pays pour des concerts, des débats politiques et quelques émois amoureux.
L’année suivante, c'est la Coupe du monde de football et l’ivresse de la victoire de la RDA face à la RFA en début de compétition. Une RDA fan de rock et de pantalons en jean, au point d’obliger l’État à se ruiner en commandes massives de jeans Levi’s avant de se mettre à produire lui-même des pantalons beaucoup moins convaincants à base de coton soviétique.
Du plein-emploi au chômage massif
Ce que veut montrer Katja Hoyer, c’est la brutalité de la rupture qu’ont eue à subir les habitants d’Allemagne de l’Est. Ils ont gagné la démocratie, évidemment, mais ils ont été comme écartés du récit de l’histoire allemande.
Ils ont perdu leurs repères, leurs motifs de fierté et pour beaucoup aussi leur emploi. Les femmes, par exemple, se souviennent que 90% d’entre elles travaillaient dans les années 1980. Tout était mis en place par l’État pour leur permettre de travailler tout en ayant des enfants. Aujourd’hui, elles souffrent d’un chômage massif et la natalité s’est effondrée.
C’est l’une des fractures qui se fait encore sentir, notamment donc au moment des élections.
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